Centre chorégraphique national de Grenoble

(c) Pascale Cholette
(c) Pascale Cholette

Direction Aina Alegre & Yannick Hugron

Cas de figure de direction unique dans le paysage des CCN, Aina Alegre, artiste catalane, et Yannick Hugron, danseur français, se sont associé·e·s dans l’intention spécifique d’écrire un projet pour le CCN de Grenoble, gageant de faire une force de leurs parcours distincts. 

Arrivée en France pour suivre la formation du Cndc d’Angers, Aina Alegre se lance rapidement dans une carrière de chorégraphe, danseuse et comédienne, et monte sa compagnie STUDIO FICTIF en 2014 à Paris. Avec une dizaine de pièces à son actif, elle crée sa première grande forme pour 9 interprètes, THIS IS NOT (an act of love & resistance) décembre 2022, avant de produire un projet très grand format avec 100 interprètes amateur·rice·s pour le festival de Marseille en juin 2023. Sa démarche s’inscrit dans une observation anthropologique du geste, inspirée par les mouvements qui jalonnent les manifestations collectives, fêtes ou rituels de célébration. La question du corps commun, la notion d’interdépendance des corps, de même que le rythme du geste – le geste martelé, la frappe, la musique – nourrissent abondamment sa recherche. Elle multiplie à présent les collaborations avec des compositeur·rice·s, des créateur·rice·s lumière, qui contribuent à la plasticité de ses pièces et en renforcent la dimension fictionnelle, constitutive de son travail. 

Yannick Hugron a travaillé en tant qu’interprète auprès de plusieurs chorégraphes. Il a traversé des esthétiques de danse très diverses et collabore actuellement avec Marion Carriau, Alban Richard ou encore Aina Alegre. Son long parcours d’artiste chorégraphique, enrichi d’expériences de scénographe et costumier, l’amène à s’interroger sur le métier de danseur et sa fragile longévité, questionnement qui vient nourrir aujourd’hui le projet du Centre chorégraphique de Grenoble.

Penser à toutes les difficultés que peuvent rencontrer les chorégraphes est le vecteur essentiel de leurs réflexions. C’est à cet endroit qu’une codirection à deux métiers leur a paru intéressante à mettre à l’épreuve ; ainsi, pour répondre à la multiplicité de questions qu’un CCN doit affronter, allier leurs regards de femme artiste et de danseur affûte une approche d’un lieu qui doit davantage « s’adapter » que « diriger ». Bien qu’il en soit encore à sa phase d’expérimentation, leur projet s’étend d’ores et déjà sur l’ensemble du spectre des métiers de l’art chorégraphique. Il s’agit en creux de donner une visibilité nouvelle à d’autres métiers que ceux de la chorégraphie et de la danse : la dramaturgie, l’écriture en danse, le costume, la création lumières, la plastique en danse, la création sonore, mais aussi l’administration, la production, la communication, etc. En mettant ainsi en lumière la dynamique collective qui sous-tend toute entreprise de création, Aina Alegre et Yannick Hugron conçoivent le Centre chorégraphique national de Grenoble comme un lieu d’émulation et de circulation horizontales, poreuses, aux mouvements qui animent l’espace social et redistribue les cartes des missions de formation, de territoire et de médiation.

© Pascale Cholette
© Pascale Cholette

Le lieu

Dans l’histoire des Centres chorégraphiques nationaux, celui de Grenoble est l’un des premiers à avoir été créé. Ayant vécu deux directions seulement sur une durée de près de 40 ans avant l’arrivée du binôme Aina Alegre et Yannick Hugron en 2023, le projet a pu développer une identité singulière et un tissu partenarial solide.

Né en 1984 et installé dans les locaux de la Maison de la Culture de Grenoble (aujourd’hui devenue la MC2 : Grenoble) ouverte en 1968 à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver en France, le CCN de Grenoble a très vite su, sous la longue et dynamique direction de Jean-Claude Gallotta (1984-2015), faire un atout de cette implantation au sein d’une bouillonnante Scène nationale. L’artiste y a créé pendant 30 ans une soixantaine de pièces qui se sont exportées aux quatre coins du monde participant très largement à l’essor et au rayonnement de la nouvelle danse française.

À partir de 2015, ses successeurs Yoann Bourgeois et Rachid Ouramdane, puis Yoann Bourgeois seul (2021-2022) déploient un esprit d’innovation artistique et d’ouverture interdisciplinaire en proposant une association inédite entre arts chorégraphiques et circassiens. Ils érigent l’outil en véritable laboratoire des pratiques participatives tout en œuvrant aussi à la diffusion, par le biais de répétitions ouvertes ou de manifestations artistiques d’envergure, tel le Grand Rassemblement (GR).

Dates clés

  • 1984

    Création du Centre chorégraphique national de Grenoble, implanté dans les locaux de la Maison de la Culture de Grenoble

  • 1984-2015

    Direction de Jean-Claude Gallotta

  • 2016-2021

    Codirection de Yoann Bourgeois et Rachid Ouramdane

  • 2021-2022

    Direction de Yoann Bourgeois

  • 2023

    Codirection de Aina Alegre et Yannick Hugron